Jacques Attali, qui aime les défis, accomplit un tour de force en nous livrant un passionnant Dictionnaire amoureux du judaïsme qui répond aux questions fondamentales que chacun, juif ou non juif, se pose au sujet d'une religion qui est la base de tout monothéisme. On aurait tort, pour autant, de chercher dans ces pages, très personnelles, l'approche froidement pédagogique des auteurs compulsifs. Le savoir d'Attali est ici une passion, une foi, qui se transmet naturellement au lecteur par les feux de la vie intérieure. Pour Attali, fidèle interprète de Maimonide, «le rôle du peuple juif est de mettre ce savoir à la disposition des autres hommes». C'est pourquoi le touche-à-tout des sommets de l'Etat adopte le dépouillement du talmudiste pour nous faire partager les trésors d'une spiritualité libérée de son hermétisme. Ce dictionnaire est peut-être une de ses oeuvres les plus sincères et les plus humbles. Au fil des pages, le confident des présidents de la République se plonge dans l'alphabet hébraïque, et nous entraîne dans la guematria, surprenante exégèse qui donne aux lettres une valeur numérique ouvrant des océans d'interprétation. L'essayiste prolifique décrit le recueillement du shabbat, et se souvient de n'avoir pris qu'un seul repas du vendredi soir autrement qu'en famille durant les dix-huit premières années de sa vie. L'auteur de Verbatim explore l'érotisme du Cantique des cantiques, et retraduit le substantif «baiser» par la locution «faire l'amour», plus conforme au sens hébreu.
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