vendredi 27 février 2009

Les Juifs ont peur du multiculturalisme, "chez eux"

« Le Président israélien Shimon Peres a participé à la formulation des politiques d’Israël pendant pratiquement toute son existence. Son éditorial dans le Washington Post la semaine dernière, présenté comme “une petite pique entre partenaires de paix” envers l’administration Obama, témoignait de la déconnexion majeure du gouvernement israélien sur ce qui est d’urgence nécessaire à la survie à long terme, de plus en plus improbable, de ce pays.

Selon une étude de la CIA qui vient d’être présentée à des membres sélectionnés du Senate Intelligence Committee (SSCI) et du House Permanent Select Committee on Intelligence (HPSCI) (1), sous sa forme actuelle, la survie d’Israël n’irait pas au-delà des 20 prochaines années.

Le rapport prédit “un mouvement inexorable d’une solution de Deux à Un Etat, comme modèle le plus viable fondé sur des principes démocratiques de pleine égalité qui éliminerait le spectre menaçant de l’apartheid colonial et permettrait le retour des réfugiés de 1947/1948 et de 1967. Ce modèle est la condition préalable à la paix dans la région.”

Au gram dam du Président Peres, la Note de Synthèse précise que “au cous des quinze prochaines années, plus de deux millions d’Israéliens, dont 500.000 citoyens israéliens détenteurs de la carte verte ou d’un passeport déménageront aux Etats-Unis. La plupart des Israéliens qui ne seront pas en possession de ces documents obtiendront des 'dérogations accélérées'”. Le Rapport affirme que “parallèlement à la baisse des naissances juives et à la hausse de la fertilité palestinienne, environ 1,6 million d’Israéliens sont susceptibles de retourner sur la terre de leurs ancêtres en Russie, en Europe de l’Est et de l’Ouest, avec des milliers d’entre eux qui choisiront d’y rester, selon la nature de la transition.”

Dans son article éditorial du Washington Post, le Président Peres tente désespérément de sauver la solution de Deux Etats contre un arrangement à un, deux ou même quatre Etats. Il semble réaliser que la solution de Deux Etats est sérieusement compromise, à moins qu’Israël ne change de cap de façon spectaculaire et rapide. Avec le virage à droite en Israël et la vraisemblable constitution d’un nouveau gouvernement une fois que Peres aura choisi Livno ou Netanyahu dans les prochains jours, et étant donné l’humeur croissante parmi les occupés en faveur d’une autre Intifada, Peres affirme plaintivement à l’administration Ozama que “Deux Etats est la seule solution réaliste.”

A trois reprises dans son bref éditorial en faveur de Deux Etats, Peres informe le peuple américain et son gouvernement qu’Israël “est la terre de mes ancêtres”. Il déplore que la CIA prédise que la solution à Un Etat “saperait la légitimité d’Israël et son droit reconnu à l’échelle internationale d’exister en tant qu’Etat juif souverain sur la terre de mes aïeux.”

Peres sait que ses ancêtres n’avaient aucun lien quel qu’il soit avec la Palestine, comme c’est le cas de plus de 95% des sionistes qui ont déferlé sur la région au cours du siècle passé et détruit près de 600 villages tout en expulsant la majorité de la population autochtone. Les historiens ont établi que la plupart des arrivants juifs étaient en fait des Slaves convertis au judaïsme, sans aucun lien historique ou généalogique avec la Palestine ou avec les tribus hébreux de la région. 

Avec en toile de fond le siècle dernier de rejet presque global du colonialisme, son affirmation d’acceptation acquise au niveau international de la “légitimité d’Israël” est une extension majeure. 

La “légitimité”, c’est justement là-dessus que continue le conflit – une entreprise coloniale du 19ème siècle peut-elle ou non déraciner dans la violence et massacrer une population autochtone en volant une terre prétendument promise par Dieu, en terrorisant et expulsant les habitants ? (2)

Contrairement à la revendication de Peres d’Israël comme “Etat légitime”, il n’y a pas de droit internationalement reconnu à l’existence d’Israël sur des terres volées sans le consentement de celui qui en est dépossédé. Peres assure à son bienfaiteur américain que la légitimité d’Israël est basée sur “la loi internationale ou la moralité”. En fait, tant la loi internationale que la moralité requièrent le droit au retour de ceux dont les terres ont été volées et la levée de l’occupation brutale. Peres est certainement conscient, comme l’affirme le Rapport de la CIA, qu’une majorité des 192 pays qui composent les membres des Nations Unies, voteraient ce soir même pour l’établissement d’un Etat de Palestine s’ils en avaient l’occasion.

Le Rapport conclut que ce qui s’est mal passé sera débattu pendant de nombreuses années. Par nature, le problème fut la prémisse qu’un “peuple choisi”, sans aucun lien ni droit à une terre, pouvait imposer un Etat par la force. Beaucoup d’observateurs du Moyen Orient estiment que la solution de Deux Etats est fondamentalement finie, sauf à continuer le parcage, les soupçons et assurément davantage de violence.

De plus en plus dégoûtée par les crimes israéliens, la communauté internationale se dirige vers la position majoritaire des Palestiniens, et en vient à croire que la solution réaliste au conflit du Moyen Orient est Un Etat, laïque, multiculturel, démocratique et basé sur “une personne, une voix”.

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